M2. Sayuri Sasaki. M2.//M3.
SayuRI Sasaki
Sayonara
De son vrai nom Sayuri Sasaki, est aujourd'hui plus communément appelé Yuri. Elle a été kidnappé dans un convoi avec son frère dès son plus jeune âge. Elle fut échangée par accident avec une autre version d'elle même, celle qui provient d'Athaterra. Accident ou non, erreur ou chance ? Coup monté ? Elle ne sait pas si sa vie aurait été mieux si elle n'avait pas perdue sa place. A aucun moment elle n'a pu éprouver la douleur que cette fille a dû perdurer à sa place. Elle ne sait pas non plus si sa douleur à elle était plus forte ou non. Elle ne sait plus rien. Elle essaye de se rappeler du bruit des vagues, de l'odeur du muguet, de la pluie sur sa peau, le sable collé à ses pieds. Arrivée dans un monde robotique, tout ça n'existe plus. Tout n'est qu'artifice, seulement immersif. Parfois elle a peur que ses derniers souvenirs ne soient qu'une invention de son cerveau. Quelque chose qu'elle a imaginé pour se réfugier. Elle se demande si sa famille était bien réelle, elle se demande si tout ça n'était pas qu'une simulation. Etait-elle en train de rêver, ou bien était-ce la réalité ?
"Je ne sais pas si c'était une erreur ou une chance. Cette fille se trouvait là, à ma place. Parfois, je regrette. Mais quand l'esprit de survie apparaît, je vous assure qu'on fait ce qu'il faut. On tue, on vole, on ment. Je ne dis pas que je suis fière de ce que je fais, mais la fin justifie les moyens. Il faut toujours être plus rusé que son prochain. L'aimer moins qu'il nous aime. Prendre plus que ce qu'on donne. La générosité ça n'existe pas, c'est pour les faibles. Les sourires, c'est notre masque. Apprendre tous les codes pour mieux manipuler son prochain. Se forger une carapace en pierre, ne laisser personne la briser. Personne ne rentre, personne ne sait ce qu'il y a sous mon armure. Des regrets, des remords, des cicatrices, des douleurs qui ne partiront jamais. Des souvenirs tellement lointains que je doute que s'ait eu lieu un jour. J'aime le bruit de la pluie, l'odeur des muguets. J'aime le tonnerre et les vagues qui frappent avec la violence la nuit. Je hais le sable en contact avec ma peau. La lune me fascine, j'adore faire des voyages immersifs pour m'y rendre, même si je sais que toutes ses sensations ne sont que factices. Je ne suis pas la fille la plus bavarde, je préfère autant les actes aux paroles. En un regard, je te dévisage et je sais déjà quelles habitudes tu as. Quel genre de personne tu fréquentes. Je sais ce que tu bouffes et ce que tu meurs d'envie de faire. Juste à ton comportement, à ta façon d'agir et d'être, je sais qui tu es. Je me demanderais où j'en serais aujourd'hui si je n'avais pas fait tout ça. Si je n'avais pas appris à jouer un rôle, à faire confiance ou non. A ne pas tout sur analyser. J'aimerai savoir si ils pensent toujours à moi, si ils ne m'ont pas oublié. J'aimerais voir de nouveau l'océan. Voir les arbres perdent leur feuillage, et pouvoir sentir les grains de sable entre mes orteils. J'aimerai pouvoir sentir le muguet, regarder les coccinelles, les oiseaux. J'aimerai à nouveau sentir mes cheveux s'élever dans les airs, prête à me faire foudroyer par l'éclair. J'aimerai le revoir m'obliger à m'aplatir sur le sol, à jeter tout objet métallique. Je voudrais la revoir avec ses airs de fille bien élevée, toujours irréprochable pour ses notes, les tâches ménagères, parfaite jusqu'aux ongles. Cette fille qui consacre tout pour sa vie de famille, pour ses proches, cette fille qui vit pour les autres. Je voudrais les revoir, eux qui étaient si vivants. Moi qui suis devenue une machine, un robot, sans émotion, qui obéit aux ordres. Je voudrais connaître le goût du bouillon des ramens, la texture des champignons, la fraicheur des tomates, la douceur des fraises. Toutes ses sensations, je les aies oubliées. Toutes ces sensations qui me définissaient et qui me faisait sentir vivante. Que quelqu'un détruise la machine que je suis devenue. Onegai."