M3. Sayu Sasaki. M1/M2/M3
Sayu Sasaki
Amnesia
Hell
Sayonara
Sayu, son nom est Sayu Sasaki, mais ça elle l'a oublié. Comme tous les nombreux souvenirs qui viennent la hanter dans son sommeil. Elle court, marche au ralenti, ris jusqu'à en oublier les heures. Elle danse sous la pluie. C'est la fille rebelle, qui fait tout ce dont elle a envie, qui essaye d'être aussi forte qu'un homme. C'est la fille qui se relève, et qui est à deux doigts de s'envoler. Un frère qui se prend pour père, elle cesse de croire que tout reviendra comme avant. Ses souvenirs sont cachés, enfuis, disparus. Tout est devenu poussière, et elle n'a idée de ce qu'était sa vie auparavant. Les jours passent, elle déçois son frère. Elle n'est plus la fille dont il a aimé secrètement. Elle est devenue une inconnue. Il aura beau essayer de la raisonner, de la réveiller, ce n'est plus elle. Quelque chose au fond d'elle est cassé, brisé. Où est-elle passée, Sayu ? Alors elle crie, elle tape plus fort que ce qu'elle ne devrait. Elle allume tous les mecs un par un, se demandant si l'un d'entre eux était son mari. Elle allume les mecs, se demandant si elle plait, si elle n'est pas qu'une coquille vide. Elle essaye de rire, toute la nuit. Parce qu'au fond d'elle, c'est le chaos, le néant. Elle a peur de se retrouver seule, avec-elle même, cette fille dont elle ne connait pas. Cette fille qui, pourtant, est censée être proche de son frère. Cette fille, droite, qui est le symbole parfait de la femme. Celle qui était à la fois élégante, intelligente et cultivée, mais aussi séduisante avec un brin d'humour anglais. Toute cette belle image, qu'elle avait construit a disparu subitement. Elle essaye de récolter ces particules, ces grains de poussières autour d'elle qui virevoltent, et se rattachent à n'importe quel morceau. Chaque parole raisonne dans sa tête, fait battre son cœur encore plus fort qu'avant. Elle a l'impression que celui-ci va se détacher, se décrocher de sa poitrine, et partir à tout jamais. Elle sait qu'elle a perdu quelque chose d'important, bien plus important que ses souvenirs. Comme une personne qu'elle aurait perdu à tout jamais, si elle n'arrivait pas à s'en souvenir. Des visages troubles, mais aucun nom. Aucun signe pouvant distinguer cette personne parmi la masse. Elle est là, quelque part, mais où. Dans le miroir, son reflet n'apparait pas. Elle essaye de s'approprier chaque partie de son corps. Du bout des doigts, elle observe ses formes, les courbes de son corps, sa peau. Mais toutes ces cicatrices sur son corps, elle ne s'en rappelle pas. Pourtant une chose est sûre, c'est ce qui la constitue toute entière; Elle déménage, recommence à 0, là où personne ne pourra lui dire qui elle était. Personne pour la comparer à ce qu'elle est devenue aujourd'hui, pour la juger. Seulement, son frère la ramène vite à la réalité. Elle sait qu'il la cherche au fond d'elle. Elle voudrait lui dire combien elle l'aime aussi. Combien il lui a manqué. Mais elle ne peut pas, car elle ne voit qu'un individu s'acharnant sur elle. Un homme qu'elle ne connait pas, qui ne lui est ni familier, ni proche. Inconnu il est. Alors, en silence, elle souffre. Son cœur se déchire de plus en plus. Elle s'attache à des inconnus qu'elle croit être sa nouvelle famille. Perdue elle est. Elle a des hauts le cœur, elle est comme sur une bascule, qui ne cesse de s'agiter. Elle aimerait seulement pouvoir s'éteindre, admettre qu'elle ne retrouvera jamais sa partie manquante, simplement se laisser aller, couler. Mais elle ne peut pas, le décevoir encore, le briser encore. Elle est là, et essaye plus que tout. Elle lui promets qu'un jour, tout sera comme avant. Eux deux, comme au bon vieux temps. Fraternels et aimants. L'un contre l'autre, pour de vrai. Leur cœur, vrais et sincères, heureux de s'être retrouvé pour ne plus jamais se quitter. Alors, en vain elle persévère. Elle essaye de se souvenir de ce qu'elle était, qui elle était, même si elle sait qu'elle ne sera plus jamais la même.
"Lorsque vous vous réveillez sans souvenir, il est difficile de savoir à qui faire confiance. Chaque personne est une menace potentielle. Chaque personne peut dire la vérité, ou au contraire vous la faire à l'envers. Je n'ai aucun moyen de vérifier si leurs dires sont vrais. Je ne me rappelle de rien, même pas de mon prénom. A les écouter, je ne devrais jamais me rappeler de mon passé. Pourtant, quand je le regarde, je sais qu'au fond de lui, la seule chose qu'il attende c'est que je le reconnaisse pour le serrer dans mes bras. Pour qu'on soit enfin à la maison, en sécurité, car je sais que sa place est là, aux creux de mes bras. Je devrais être reconnaissante qu'il m'ait sauvé, qu'il est consacré toute sa vie à vouloir me protéger, me retrouver. Je devrais l'aimer plus que tout sur cette Terre. Je devrais être tellement heureuse de le revoir. Et pourtant, je n'y parviens pas. Je le sens sincère, mais je suis remplis de doutes. Ma tête me dit de me méfier mais mon coeur se serre en le voyant. Sa sur-protection me mène à ma perte. Il est censé être mon sauveur, mon héro, mais tout ce que je vois c'est de la peine, de la culpabilité et de la rancoeur au fond de lui. Je ne sais ce qu'il a fait, ni ce qu'il a traversé. Il a plus l'air d'un bourreau. Un bourreau des coeurs, oui. Tout ce qu'il touche, il le détruit. C'est plus fort que lui, et il ne le veut sûrement pas. Il est la destruction, la violence, le chaos. Quand je le vois, mon corps n'est plus qu'une tempête qui ne peut se calmer. Tout mon moi devient flou, je n'ai plus aucune stabilité. Mon corps se fige et j'ai l'impression de couler au fond d'un marécage, d'un océan qui n'attend que moi. Tel un bloc de glace, mon corps se solidifie. Mes muscles se contractent, mon coeur bat au ralenti. Le plus dur est de réfléchir. J'ai beau me creuser les méninges, tout est noir. Un tas de questionnement trotte dans ma tête mais personne n'est là pour y répondre. Comment suis-je censée redevenir celle que j'étais en ignorant tout. A les écouter, je n'ai jamais aimé, ni même été aimée. Si on croit leurs dires, cela serait le syndrome de Stockholm que j'aurai développer. Apprendre à sympathiser avec l'ennemi, adopter leur mode de vie, et leur point de vue. S'attacher là où je n'aurai jamais dû. Il est dur qu'il parle de moi car il a été absent si longtemps. Je ne lui en veux pas, pas le moins du monde. Aujourd'hui, je cherche un sens à ma vie et à mon existence. J'aimerai pouvoir être accepter telle que je suis. Je cherche une place, une nouvelle place. Je voudrais dire au-revoir au passé, Adieu à Sayu Sasaki, et devenir une nouvelle personne. Je veux pouvoir marcher, courir, rire et chanter. Je veux pouvoir faire l'amour avec qui bon me semble, sans me demander si elle aussi, elle pouvait faire tout ça. Si c'était sa première fois, ou avec qui. Je voudrais savoir si ses visages m'ont fait du mal auparavant, ou si ils m'ont fait du bien. Je voudrais pouvoir trouver un refuge, pouvoir m'endormir en ne me posant aucune question de ce qu'était ma vie avant. J'ai 24 ans, et pourtant j'ai l'impression de n'en avoir à peine 18. J'ai l'âge con, comme dirait mon frère. Je ne me suis jamais sentie aussi perdue et seule, et pourtant, je n'ai aucune idée si j'ai déjà ressenti ce sentiment dans ma vie, encore plus fort qu'aujourd'hui. Je voudrais pouvoir connaître toutes les émotions, tous les sentiments. Je voudrais savoir ce que cela fait d'être aimer, d'aimer, de rire, pleurer. Je voudrais réapprendre à connaître la vie, les choses basiques. J'aimerai que quelqu'un m'emmène danser, loin de tout ce malheur, loin de toutes cette misère. Lui et moi, à laisser nos corps s'exprimer au rythme de la musique. A tourner jusqu'à ne plus voir le monde autour de nous, à rire jusqu'à en pleurer, à hurler jusqu'à en faire saigner nos oreilles, jusqu'à ce que notre mâchoire se détache. Aimer si fort, pleurer réellement. Je voudrais que quelqu'un me fasse ressentir toutes les choses oubliées. Toutes les choses qui constituent un homme à un animal. Je voudrais pouvoir créer de nouveaux souvenirs, je voudrais renaître. J'ai besoin d'apprendre ce dont je suis capable, ce dont j'ai peur. J'ai besoin de réapprendre chaque particule de mon corps, de mes envies, de mes besoins. Me pousser à bout, connaître mes limites. Et pour cela, je n'ai pas d'autre choix que de partir. Pour mieux revenir."