Kiku Sasaki
Kiku Sasaki. Ce nom ne lui a pas été donné par hasard. Cela signifie Chrysanthème. Ces fleurs colorées s'imposent généralement à la Toussaint pour orner les tombes des défunts. Dans certaines régions d'Europe, elles symbolisent le Deuil. Kiku est une personne droite, qui a des valeurs bien précises qui ne seront peu partagées par son entourage. Elle grandit, évolue au rythme des saisons. Chaque jour, elle apprend. Même si elle a une apparence de gamine, elle raisonne comme une adulte. Peu de personne apprécieront se faire recaler par une fille aussi jeune, avec trop de répondant. Sa langue est bien pendue. Autrement, elle est la dernière de la fratrie Sasaki, mais ne partage pas les mêmes gênes qu'eux à 100%. Elle n'est que la "demie" soeur, pas une soeur complète. Elle se sentira rejetée par sa propre famille.
"Kiku, on l'appelle que quand y'a un problème. Je suis la gentille fille qui accepte d'échanger mes jours de repos avec ses collègues pour les arranger. Je suis la gentille fille qui répond toujours présente. Celle qui n'est jamais malade, qui n'est jamais absente. Je suis la fille dont personne ne remarque. Je ne suis pas celle qu'on invite pour aller boire un verre, ou faire une quelconque activité. Je suis la fille qui vous énerve, à ne jamais vouloir prendre en compte les avis des autres. Je suis la fille qui doit sans cesse prouver qu'elle a bien sa place. Parce qu'elle n'est qu'une demie. Une demie portion, une demie quelque chose. Celle qui ne partage pas à 100% les mêmes gênes qu'Ayato et Sayuri. Moi ? Je ne suis qu'un bout d'eux. Comme si j'avais la galle, quelque chose qui pourrait les contaminer si ils m'approchaient trop. Je les ai toujours défendus, je les ai toujours cherché alors qu'ils ne sont qu'à quelques mètres de moi. Moi aussi j'aurai voulu partager les mêmes moments qu'ils partagent à deux, comme si ils étaient des jumeaux. Ils me font sentir la différence d'âge, la différence qu'il y a entre ma mère et la leur. Je sais qu'ils essayent de m'aimer, autant qu'ils s'aiment tous les deux. Avec le temps on apprend, on accepte, on reste indifférent à ces situations. J'ai appris à me taire, j'ai appris à savoir quand baisser les armes. C'était un combat qui était déjà perdu, j'étais la seule à me battre. J'ai arrêté de vouloir me faire accepter, de jouer les sœurs modèles. J'ai arrêté de répondre présente, et personne n'a remarqué mon absence. J'ai tout préparé, en silence je suis partie. Personne ne m'a entendue, personne ne m'a retenu. Ils avaient un fardeau en moins, ils n'étaient plus obligé de faire semblant de me parler un minimum, faire semblant de m'apprécier. Ils n'étaient plus obligé de jouer un rôle de "grand" frère, de grande sœur. Personne ne m'a retenu, et je me suis dit que j'étais entré dans l'âge con. L'âge de l'adolescence qui se veut insolente. L'âge où on se croit capable de tout, l'âge où on envoie bouler tout le monde, même ses parents qu'on adore. Je ne regrette pas cette période, c'est à ce moment précis où j'ai pu me découvrir véritablement, et avoir de réels amis. J'ai découvert de nombreuses choses, j'ai fait ma première fois alors que j'avais promis que je ne le ferai pas avant le mariage. Mes parents n'en ont jamais rien su, j'ai longtemps eu honte. Après être parti si loin de ma famille et avoir bien déconné, il était temps de rentrer. Sauf que j'étais réellement seule cette fois-ci. Ni Ayato ni Sayuri n'étaient là. Ces deux gosses à rire à tue-tête n'étaient plus là. La maison n'avait jamais été aussi calme et silencieuse. Quelque part, ça m'avait fait un bien fou. Je me sentais enfin à ma place, à ma réelle place. J'ai imaginé un tas de scénario. Le genre de scénario qui finit toujours mal. J'imaginais que tous les deux débarqueraient à la maison, du jour au lendemain sans avoir prévenu, et qu'ils rigoleraient trop fort. Qu'ils ne me poseraient aucune question sur mon séjour et qu'ils feraient comme si je n'avais jamais bougé. Pendant longtemps je ne réalisais pas ce que ma mère me disait. Je n'en faisais qu'à ma tête, encore une fois. Mon père s'est donné la mort après avoir perdu son travail et ses deux enfants. Il m'a fallu 9 mois pour réaliser qu'ils avaient disparus. 9 mois où j'étais parti faire ma vie, 9 mois où je pensais en mal d'eux. Je me haie."